BELFAST (AP) - Le gouvernement britannique s'activait en coulisses jeudi pour tenter de persuader le dirigeant radical protestant Ian Paisley d'accepter de diriger avec un catholique un gouvernement nord-irlandais. Faute d'accord sur le partage du pouvoir d'ici à vendredi, Londres et Dublin menacent d'administrer eux-mêmes la province.
Le gouvernement britannique veut réunir l'Assemblée d'Irlande du Nord vendredi afin que Ian Paisley et le numéro deux du Sinn Fein, Martin McGuinness, soient désignés aux deux plus hauts postes de l'administration biconfessionnelle. Le geste serait purement symbolique dans la mesure où le reste du gouvernement semi-autonome de 12 membres ne serait pas formé ni n'entrerait en fonctions avant le 26 mars.
Mais le chef du Parti unioniste démocratique (DUP), un évangéliste de 80 ans qui a bâti sa carrière en refusant les compromis avec les catholiques, ne donnait aucun signal d'un soutien de sa formation à sa nomination jeudi. Ian Paisley prendrait le risque d'une rébellion dans ses rangs en faisant un pas vers le Sinn Fein, considéré comme l'aile politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA).
Le pasteur Paisley s'était opposé aux accord de partage du Vendredi Saint de 1998, estimant qu'ils exigeaient trop peu du Sinn Fein. Depuis des semaines, il affirme qu'il n'acceptera le poste de Premier ministre que lorsque le parti catholique renoncera au boycott de la police nord-irlandaise qu'il observe depuis dix ans.
Londres est d'accord sur le fait que le Sinn Fein doit accepter la présence des forces de l'ordre britanniques en Irlande du Nord dans le cadre de l'accord mais n'a pas précisé quand et de quelle façon cela se ferait. De son côté, la formation catholique refuse de discuter d'un changement de politique tant que MM. McGuinness et Paisley n'ont pas été nommés, a insisté son chef Gerry Adams jeudi. "Nous ne pouvons pas accepter que le processus soit encore retardé ou dilué de quelque manière que ce soit."
Le chef de cabinet du Premier ministre britannique Tony Blair, Jonathan Powell, tentait d'obtenir un compromis jeudi. Déjà, Londres et Dublin, las de ne pas obtenir de résultats depuis la victoire des partis radicaux (DUP et Sinn Fein) aux législatives de 2003, avaient renoncé à faire du 24 novembre la véritable date-limite de la formation de l'exécutif régional.
Après le sommet écossais de Saint Andrews en octobre et malgré l'échec, M. Blair et son homologue irlandais Bertie Ahern ont annoncé qu'ils n'exigeaient plus que la nomination des deux têtes du gouvernement pour vendredi. Le reste du cabinet serait désigné le 14 mars et Londres transférerait les pouvoirs exécutifs à la coalition le 26 mars.
Ian Paisley avait salué le plan qui semblait obliger le Sinn Fein à soutenir la police mais l'aile la plus radicale de son parti, les chrétiens évanlégiques, exclut toute coopération avec la formation catholique.
Faisant un nouveau geste mercredi soir, le Parlement britannique a accepté que le DUP et le Sinn Fein se contentent de désigner leurs "candidats favoris" d'ici vendredi, sans que ceux-ci doivent prendre leurs fonctions à cette date. Mais c'est encore trop pour de nombreux unionistes.
Martin McGuinness, ministre de l'Education dans la coalition modérée qui a gouverné l'Irlande du Nord de décembre 1999 à octobre 2002, est particulièrement détesté par les protestants. Il est souvent considéré comme l'ancien haut commandant de l'IRA dans la plus grande partie de la campagne du groupe armé qui de 1970 à 97 a fait 1.775 morts au nom du rattachement de la province à la République d'Irlande.
AP